Hommage à Jean Noël - de Nicolas Brun :

12 juil 2008 :

Bonjour à toutes et à tous,

Je crois qu'aujourd'hui, les hommages qui ont déjà été rendus à Jean Noël, ainsi que les messages sincères et touchants que l'on a reçus, ont été à la hauteur de l'homme qu'il était, et des formidables valeurs qu'il incarnait.

Toute l'émotion qui s'exprime et qui a jailli depuis l'annonce de sa disparition symbolise à elle seule la place que l'alpiniste, l'aventurier moderne, le moniteur de ski, le compagnon de rando, le « suceur de glaçons », le pote de tous les jours, le petit marseillais qui s'est voué corps et âme à la montagne, l'amoureux de la vie, ... occupait dans une partie de nos vies.

Alors aujourd'hui passée cette émotion, Jean No lui-même n'aurait pas voulu qu'on pleure ou qu'on soit mal ... malgré toute la douleur et le vide que l'on ressent.

Jean Noël était à lui seul une hymne à la vie, à chaque instant.

Je crois qu'il aurait été le premier à nous rappeler que la montagne ne trahit personne, qu'elle n'est pas fondamentalement cruelle,... mais qu'elle est avant tout le reflet de la vie, apportant ses joies et ses peines, qu'elle restera toujours belle et fascinante même si elle doit faire supporter des moments de galère et de doute.

Alors souvenons nous aujourd'hui de l'homme et d'une énergie exceptionnels, d'une energie qui a permis au montagnard à l'accent du sud de vivre et de faire vivre une de ses passions intensément, tout en restant formidablement disponible pour nous tous, ... une énergie qui lui a permis de si bien communiquer l'esprit qui l'animait.

Gardons en mémoire et cultivons les mêmes rêves qu'il nous a offerts, les portes qu'il a ouvertes, les chemins qu'il a tracés.

Respirons, remplissons nous de ce souffle et tentons d'entretenir cette flamme, subtile et puissante, qui le faisait avancer encore et toujours.

L'hommage à Jeano ne saurait être total et juste si on n'avait pas une pensée pour ceux qui lui ont permis depuis le début de s'engager pleinement dans ces aventures, dans son aventure où l'engagement était total et obligé.

La montagne telle qu'il avait délibérément décidé de la vivre et telle qu'il la concevait, qu'il la pratiquait et la partageait, avait pris un sens, une autre dimension humaine, ... et en cela l'homme qu'il était n'a jamais rien voulu fuir. Il avait fait et assumé le choix d'une vie pleine et riche, exigeante et passionnée.

Sa vie avait pris tout son sens, et quelque part la nôtre également,... un peu plus tous les jours.

Aujourd'hui notre « Djano » est sans doute « plus léger et plus libre que jamais ».

Il aimerait nous rappeler que la haute montagne comme les « barulles », à l'image de la vie, c'est finalement tout simple: en fait, « il suffit de mettre un pied devant l'autre ».

Alors le personnage, l'artiste est parti.

Il s'est retiré quelque part un petit peu chez lui.

Son énergie quant à elle saura rester avec nous pour toujours, saura nous guider et nous faire avancer. Elle saura aussi nous rappeler que les expés c'est bien, mais qu'il n'y a pas que ça dans la vie. Que la couillonade, les apéros à rallonge, une bonne « tchoule » entre potes, ... sont des expériences tout autant indispensables à notre condition d'être humain, ce sont des moments de partage et des témoignages au combien sincères de nos tranches de vie.

Jean No adorait les gens, il aimait ces peuples « durs au mal », cette rusticité. Il aimait leurs sourires et leur simplicité, il avait su leur communiquer sa bonne humeur et sa joie d'être là, parce qu'il n'y avait d'autre choix que d'être et que d'être là.

Il aimait partager une partie de leur existence et le leur rendait bien, nous le rendait bien, avec générosité et humilité, à grands coups de « namaste » et de « salamalekoum ». Ceci dans la plus grande simplicité, sans « chichi pompon », dans le plus grand respect des hommes vrais.

Saint Augustin avait dit quelque chose comme:

« Ne pleurons pas de l'avoir perdu, réjouissons-nous de l'avoir connu ».

Adieu Djano, tu avais compris déjà beaucoup de choses, ... et encore merci.

Nicolas Brun